Ce travail a été supervisé par Lucie Antoine (VI, MEAE CFEETK) et Abdel Nasser Ahmed, Responsable de la restauration (MAE-CFEETK), assistés de Ashraf Mostafa Ali, Nagwa Abd El-Ghafour, Abdelnasser Mahmoud, Mahmoud Said Ahmed, Ghaad Nubi Hussein, Mustafa Abdou Mahmoud Qoraiem (MAE-CFEETK) et Clémence Poirier (stagiaire CNRS). L’équipe remercie Antoine Garric et le Rais Mahmud Faruk pour leur assistance.
Cette restauration a porté sur neuf blocs de grès mis au jour par la CFEETK en 1976-1977 sur le parvis du temple de Khonsou. Depuis lors, ils étaient entreposés sur des banquettes à l’est du Musée de plein air. En raison de leur mauvais état de conservation, un programme de conservation-restauration a été décidé.
Initialement disposés entre deux rangées de colonnes devant le temple de Khonsou, les murs-bahuts d’Osorkon III (XXIIe dynastie) furent réutilisés dans la fondation du kiosque que Taharqa (XXVe dynastie) construisit au même endroit. En 1976-1977, treize fragments ont été retrouvés par la CFEETK (Cl. Traunecker, Karnak 6, 1980, pp. 55-56, pl. 13b ; id., Karnak 7, 1982, pp. 321-323). Plusieurs traitent du rituel thébain de la Confirmation du Pouvoir Royal au Nouvel An et de la célébration de la Fête de Thoth (19e jour du 1er mois d’Akhet) (J.-Cl. Goyon, in Chr. Thiers [éd.], Documents de Théologies Thébaines Tardives 2, CENiM 8, 2013, p. 33-93 ; id., in Documents de Théologies Thébaines Tardives 3, CENiM 13, 2015, p. 29-89 ; id., Karnak 16, 2017, p. 227-252).
En raison de leur enfouissement, les blocs présentaient un état d’altération avancé. La proximité de la nappe phréatique a favorisé la migration de sels dans la pierre. Contaminé, le grès subit les cycles de dissolution/cristallisation des sels, processus entrainant sa désagrégation sableuse.
Lors de leur découverte en 1976-1977, une campagne de restauration a été menée afin de conserver l’ensemble formant les murs-bahuts. Quatre des blocs présentant un état fragmentaire ont été remontés à l’aide de résines époxyde et renforcés par des agrafes métalliques, ils ont enfin été scellés individuellement sur du ciment.
Les mur-bahuts présentent une finesse d’exécution de grande qualité. Aussi, l’intervention était nécessaire afin de permettre leur conservation en stabilisant leur état d’arénisation. Malheureusement, les interventions réalisées suite à leur découverte ont également participé à leur dégradation. Le ciment, utilisé ici comme matériau de renfort, créé une interface imperméable au revers. En retenant les sels dans le grès, le processus d’arénisation s’en trouve accéléré. Par ailleurs, les agrafes métalliques qui présentent un état d’oxydation risquent, par expansion des produits de corrosion, de créer des tensions dans la pierre altérée. Enfin, les collages se sont dégradés : la résine, devenue cassante avec le temps, ne présente plus d’accroches mécaniques sur les surfaces du grès trop pulvérulent.
Le traitement a nécessité, dans un premier temps, d’importantes interventions de dérestauration. Étape au cours de laquelle ont été observés des états d’arénisation particulièrement hétérogènes au sein d’un même bloc, avec d’importantes différences d’épaisseurs. Le démontage a confirmé la nécessité de consolidation du grès par imprégnation et système de goutte à goutte. Ce traitement a permis un dessalement superficiel par compresses.
Enfin, ces interventions de conservation ont permis le réassemblage de chacun des blocs fragmentaires ainsi que l’assemblage de certaines scènes des mur-bahuts, dès lors rendues lisibles. L’ensemble est désormais exposé au Musée de plein air de Karnak.