Étude et conservation-restauration de l’édifice de Taharqa du Lac

Directeurs du programme : Luc Gabolde (CNRS, co-directeur du CFEETK), Ahmed Al-Taher (MoTA, co-directeur du CFEETK)

Responsables du projet : Dr. Jérémy Hourdin (CFEETK, UAR 3172 du CNRS)
Responsable adjoint : Dr. Amira Fawzy Ali (CFEETK, MoTA)

Partenaires :
– CFEETK (MoTA / CNRS, UAR 3172 – dirigé par A. Al-Taher et L. Gabolde)
Fonds Khéops pour l’archéologie

Collaborateurs : Manon Lefèvre (restauratrice, CFEETK-Kheops), Dr. Isabelle Régen (égyptologue, UMR 5140 ASM/ENiM), Timothée Sassolas-Serrayet (photogrammètre), Dr. Aleksandra Hallmann (égyptologue, Inst. of Mediterranean and Oriental Cultures Polish Academy of Sciences), Florie Pirou (épigraphiste, CFEETK-CNRS)

Intervenants : Mohamed Samah Mohamed (photogrammètre, MoTA), Christine Onsi, Sawsan Saied Labib (inspectrices, MoTA), Edson Poiati Filho, Noémie Fathy (doctorants, UPVM), Anne-Laure Daubisse (doctorante, univ. Sorbonne)

Localisation : Au nord du Lac sacré de Karnak


Présentation

Parmi les nombreux édifices construits par les pharaons de la XXVe dynastie (712-656 av. n. è.), ledit « édifice de Taharqa » (ou Edifice of Taharqa by the Sacred Lake) se distingue par son architecture originale et sa décoration exceptionnelle. Le projet ici présenté vise la conservation-restauration ainsi que l’étude égyptologique de ce monument.

L’édifice de Taharqa à Karnak (photo n°205530 CFEETK/E. Saubestre).
Le roi kouchite Taharqa (photo CFEETK/J. Hourdin).

Construit sous le règne du principal souverain de la dynastie kouchite, Taharqa, entre le grand temple d’Amon et son Lac sacré, ce sanctuaire s’ouvrait vers l’est, c’est-à-dire vers le soleil levant. Le temple était en effet dédié à l’aspect solaire du dieu Amon-Rê, notamment sous sa forme « Rê-Horakhty qui préside à la terrasse du temple d’Amon ». Ses noms étaient inscrits sur les architraves du péristyle qui entourait la cour de l’étage supérieur. Cet édifice présente la particularité rare à Karnak d’avoir été entièrement construit sur deux niveaux. Celui actuellement conservé correspond à la partie inférieure dont les chapelles étaient uniquement accessibles par un escalier interne. Cet état est le résultat de la destruction partielle du monument de Taharqa au IVe siècle ap. n.è., lorsque les Romains extirpèrent l’obélisque « solitaire » oriental de Karnak pour le transporter à Rome. Pour se frayer un chemin vers le Nil, la partie supérieure de l’édifice kouchite fut démantelée.

Le monument est connu depuis le XIXe siècle, notamment par des copies de ses reliefs réalisés par Émile Prisse d’Avennes, mais son dégagement ne fut réellement achevé que par Maurice Pillet en 1923. Au cours de ses travaux, puis pendant ceux de son successeur Henri Chevrier, plusieurs centaines de blocs provenant pour l’essentiel de l’étage supérieur du temple furent découverts aux alentours. En 1969, R. Parker, J. Leclant et J.-Cl. Goyon publièrent une monographie de qualité qui constitue la référence égyptologique pour la décoration des parties encore en place.

Chapelles de l’édifice de Taharqa à Karnak avant restauration (photo CFEETK/J. Hourdin).

Objectif du projet

Conservation-Restauration

Le projet a pour premier objectif la restauration-conservation des structures encore en place de l’édifice de Taharqa, en particulier son escalier interne et une succession de quatre salles ornées d’un exceptionnel corpus de textes et de scènes religieuses mettant en scène le parcours et la renaissance quotidienne du dieu Amon, sous son aspect solaire, associé aux rites décadaires de Djémé. Cette composition unique témoigne de l’intense activité intellectuelle en Égypte au cours de cette période.

Ce programme de restauration sera piloté par Manon Lefèvre (restauratrice indépendante), avec le soutien du Fonds Khéops pour l’archéologie, et s’étendra de 2024 à 2027.

Études égyptologiques

Parallèlement à la restauration de l’édifice, un nouveau programme vise la reprise de l’étude de l’édifice.

Les blocs épars de l’édifice

Pour cela, dans la continuité d’un projet en cours depuis 2016, la documentation de l’ensemble des blocs épars de l’étage supérieur détruit sera poursuivie (par J. Hourdin) afin de proposer à terme une restitution et l’étude du programme décoratif de la cour, de son péristyle et des chapelles.

Un édifice de Chabaka

Une nouvelle étude des très nombreux remplois d’un édifice de Chabaka sera aussi entreprise (avec la collaboration d’A. Fawzy). Ce travail permettra de connaître ce monument démantelé par son successeur, probablement pour le remplacer par l’édifice actuel.

Autres études

La restauration des chapelles inférieures de l’édifice permettra en outre la réalisation d’une couverture photographique de qualité, absente de la monographie de 1979. Celle-ci sera publiée et accompagnée d’une étude complémentaire (en collaboration avec I. Regen), en particuliers pour l’escalier décoré par la litanie des formes osiriennes et solaires du dieu Rê.

Bloc remployé provenant d’un édifice de Chabaka (photo n°205466 CFEETK/E. Saubestre).
L’escalier interne de l’édifice de Taharqa et les Litanies de Rê (Photo CFEETK/J. Hourdin).
Archéologie et architecture

Si le projet actuel est principalement dédié à la restauration et la valorisation des chapelles inférieures, une opération archéologique sera entreprise dans un second temps. Ceci permettra de dégager l’entièreté des murs préservés de l’édifice, tous construits avec de nombreux remplois de Chabaka, et de connaître les différentes phases d’occupation de ce secteur au nord du Lac sacré. Une étude architecturale sera à terme également menée et enrichie par les résultats de ces travaux archéologiques.

Bibliographie sélective

  • PM II2, p. 219-221.
  • E. PRISSE D’AVENNES, Monuments égyptiens, bas-reliefs, peintures, inscriptions, etc., d’après les dessins exécutés sur les lieux, Paris, 1847, p. 7, pl. XXXI-XXXIV.
  • M. PILLET, « Rapport sur les travaux de Karnak (1923-1924) », ASAE 24, 1924, p. 72-75, pl. VII.E.
  • E. DRIOTON, « Rapport à M. le Directeur général du Service des Antiquités sur les éléments de reconstitution du petit temple dit “de Taharqa” situé au nord-ouest du lac sacré à Karnak », ASAE 29, 1929, p. 1-4
  • H. CHEVRIER, « Rapport sur les travaux de Karnak, 1949-1950 », ASAE 50, 1950, p. 436-437, pl. V.
  • • J. LECLANT, « Quelques données nouvelles sur l’“édifice dit de Taharqa”, près du Lac Sacré à Karnak », BIFAO 49, 1950, p. 181-192, pl. I.
  • P. BARGUET, Le temple d’Amon-Rê à Karnak. Essai d’exégèse, RAPH 21, 1962, p. 16-17
  • J. LECLANT, Recherches sur les monuments thébains de la XXVe dynastie dite éthiopienne, BiEtud 36, 1965, p. 62-76, pl. 38-49.
  • R.A. PARKER, J. LECLANT, J.-Cl. GOYON, The Edifice of Taharqa by the Sacred Lake of Karnak, BEStud 8, 1979.
  • J. ASSMANN, « Das Dekorationsprogramm der königlichen Sonnenheiligtümer des Neuen Reiches nach einer Fassung der Spätzeit », ZÄS 110, 1983, p. 91-98.
  • K.M. COONEY, « The Edifice of Taharqa by the Sacred Lake: Ritual Function and the Role of the King », JARCE 37, 2000, p. 15-47
  • E. BLYTH, Karnak: Evolution of a Temple, Londres, New York, 2006, p. 202-206.
  • F. COPPENS, The Wabet. Tradition and Innovation in Temples of the Ptolemaic Period, Prague, 2007, p. 212-215.
  • K. JANSEN-WINKELN, Inschriften der Spätzeit 3. Die 25. Dynastie, Wiesbaden, 2009, p. 102-110 (48.37).